les maçons de la creuse
Toute la région d’Aigurande, Éguzon, Saint-Benoît-du-Sault appartenait linguistiquement et politiquement parlant à la Marche appelée aujourd’hui Marche occitane. Du point de vue socio-professionnel, les hommes de cette région participaient aux migrations des « maçons de la Creuse ».
Chaque année, ils partaient à pied par groupes et selon les villages essentiellement vers Paris où ils s’installaient à plusieurs dans des garnis austères. Certains étaient plâtriers (Fressignes, Argentières), d’autres maçons à la chaux (Éguzon, Chantôme) ou tailleurs de pierre (Saint-Jallet de Saint-Plantaire) ou encore charpentiers (Lourdoueix-Saint-Pierre) voire paveurs (La Châtre-l’Anglin). Ils restaient 4 mois sur les chantiers de la capitale. Ils ont largement participé aux travaux haussmanniens et notamment à la construction de grands édifices publics ou privés comme les magasins de la Samaritaine. À leur retour au village les jeunes en profitaient pour se marier.
Les choses vues dans les immeubles neufs servaient d’exemple aux modifications apportées dans les fermes grâce à l’argent gagnée : réalisation d’un étage d’habitation avec chambres, plafond avec rosace en stuc,… Politisés, ces maçons de la Creuse se sont battus pour les mutuelles, les retraites, le droit de grève. Ils ont assez largement participé à la Commune de Paris. Athanase Bassinet, originaire de Chantôme, devenu chef d’entreprise, a eu une belle carrière politique chez les radicaux-socialistes : Maire du XVe arrondissement, Président du Conseil général de la Seine, Sénateur de Paris. Le phénomène diminue en importance à partir de 1920.